
Ma chronique : « La Note américaine » est un sommet du roman américain signé David Grann. Mais il est bien plus qu’un simple « roman », c’est une enquête historique sur les fondements des relations aux Etats-Unis entre les hommes blancs aux affaires, au pouvoir et les Amérindiens considérés comme des citoyens de seconde zone. Nous sommes en 1921, en Oklahoma, et le récit des indiens Osages est un condensé de cet état de fait, et bien pire encore. Ostracisés, amenés à fuir l’avancée des Blancs, les Osages sont conduits de réserve en réserve. Jusqu’au jour où le sort les amènent dans une réserve d’Oklahoma où l’on retrouve de l’or noir, du pétrole qui va apporter une forme de prospérité aux Osages, devenus subitement richissimes. Malheureusement, l’or noir va très vite se transformer en ruisseau de sang. La lie des Blancs ambitieux, corrompus et sans scrupules va venir s’agglutiner, telles les mouches sur une carcasse fraîchement morte, afin de s’adjuger les profits de cette exploitation pétrolière. La mort va coïncider avec le fait que les Osages sont considérés comme sous tutelles. Un important homme d’affaire va vouloir s’approprier les sommes accumulées par une riche famille Osage. Peu à peu, cette famille est décimée. Mais cet homme, qui va pousser son neveu à épouser l’une des héritières de cette famille, n’est que la partie émergée de l’iceberg. Juges, shérifs, banquiers, médecins, croque morts, tous participent à ce transfert de sommes folles en dollars depuis les Osages jusqu’aux Blancs corrompus. Tout un système de corruption est mis au jour, bien des années après, grâce au travail du tout nouveau bureau fédéral, créé par un certain Edgar J. Hoover, et qui deviendra le FBI en 1935. Peu à peu l’enquête de David Grann devient tentaculaire. Ce qui ne semblait concerner qu’une famille, s’inscrit dorénavant dans un mouvement d’une ampleur effrayante. Ceux sont des centaines d’assassinats qui, durant ces années 1920/1930, sont passés sous silence avec la complicité de toute une élite blanche maintenant sous l’éteignoir cette triste réalité. Il faudra plusieurs années d’enquête pour mettre à jour une petite partie seulement de l’affaire. Au final, on obtient un livre foisonnant, passionnant, maintenant un suspens digne des tous meilleurs thrillers. Les mécanismes de la machination, la réalité de la vie des Osages, les figures de cette « mafia » de l’or noir, tout y est et maintient l’attention jusqu’au bout. Martin Scorsese ne s’y est pas trompé en adaptant le livre au cinéma sous le titre « Killers of the Flower Moon. » J’ai trouvé le livre un ton au dessus du film, malgré les qualités certaines de ce dernier. David Grann s’inscrit avec « La Note américaine » comme un immense auteur capable de raconter, avec une ambition folle, les affres de l’enquête, ces trouvailles et ces trous noirs, ces aspérités et ces chemins sinueux.
Ma Note :

💗
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« l’or noir va très vite se transformer en ruisseau de sang. » j’aime beaucoup ta formule qui métaphorique parfaitement cette page obscure et coupable de l’histoire américaine. C’est un véritable rouage mafieux qui se met en place pour spolier les indiens, et Scorsese ne s’y est pas trompé. Avec son scénariste, ils font le choix de l’observer de l’intérieur plutôt que du point de vue du pouvoir fédéral comme dans le livre je crois. Cela apporte peut-être une vision plus mélodramatique et romanesque à ce que décrit Grann dans son livre. Qu’en penses-tu ?
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Merci beaucoup pour ce que tu m’écris sur ma métaphore. Je pense au fond que l’expérience de lecture du David Grann et l’interprétation qu’en fait Martin Scorsese en adaptant cette histoire se complètent harmonieusement. J’ai été un peu dur avec le long métrage et la lecture du roman m’a amené à reconsidérer mon regard sur le film. Je pense qu’une adaptation pure et littérale du roman aurait pris le risque de réduire le film de Scorsese à un thriller, une enquête policière. Fort heureusement, le cinéaste s’est concentré sur la relation au sein du couple Gladstone/Dicaprio. Cela a offert un rôle formidable à Lily Gladstone et Léonardo Dicaprio. Le personnage de De Niro prend lui aussi de l’ampleur alors que dans le roman, il devient un rouage mafieux parmi d’autres. Au final, je te rejoins, le roman et le film se complètent sans aborder ou choisir le même angle d’approche. La loupe est mise sur des éléments différents. Cela donne au film une dimension « mélodramatique » qui se serait perdu à suivre de façon trop linéaire les enquêtes nombreuses soulevées par le récit de David Grann. Moralité, lire le roman et contempler le film de Scorsese sont deux expériences fortes mais différentes. Pour notre plus grand bonheur ! Passe une belle soirée Florent ! 😊✨
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Merci beaucoup Christine ! Passe un beau réveillon, rendez vous en 2024 ! ✨🎉💙
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Je n’ai toujours pas lu cet essai (ni vu son adaptation) ni le suivant de cet auteur paru en France qui est tout aussi tentant. Les années se suivent et les envies de lecture s’accumulent…
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Oui je comprends Sandrine, le naufrage du Wager son nouveau roman est exceptionnel, je le lis en ce moment. Le film de Scorsese est beau mais ne possède pas le même angle d’approche de cette histoire sur les indiens Osages dans « La note américaine. » Si tu as l’occasion, tentes l’expérience ça vaut le coup. Beau réveillon Sandrine, RDV en 2024 ! 😊🎉✨🙏
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Ainsi régne le profit 😡….
Merci Frédéric 🙏🏻
Je suis intéressée par ce livre et aussi par le film.
Deux regards sur la cruauté envers un peuple innocent..
Ta critique est impressionnante de justesse 🙏🏻🌟🌟🌟🌟🌟
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Merci infiniment ! Un constat accablant mais tellement juste. J’ai adoré ! Je t’embrasse 😘🎉😊
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