Ma chronique : « Priscilla » est écrit et réalisé par Sofia Coppola. Il s’inspire de l’autobiographie de Priscilla Presley. Un film précédé d’une aura positive et c’est vrai qu’après plusieurs long métrages plus que médiocres, je doutais de retrouver la Sofia Coppola des débuts. Son talent semblait étiolé, émoussé. Avec « Priscilla » on a une histoire dont raffole la réalisatrice, la rencontre entre Priscilla, encore collégienne, et Elvis Presley. Ce dernier est en Allemagne, en 1959, lorsque le long métrage débute. Invitée à une soirée, la jeune Priscilla, interprétée par la formidable Cailee Spaeny qui crève l’écran (petite poupée à la moue boudeuse, femme-enfant), rencontre, pour la première fois, le jeune Elvis. On est dans une période où les jeunes filles semblent étonnamment naïves. Un autre monde s’ouvre à Priscilla. Elvis respecte les règles de la bienséance. Il a de nombreuses aventures avec des actrices etc. mais Priscilla, elle, il la considère comme une pépite qu’il ne faut pas abîmée. Nul rapport sexuel entre eux au début. Elvis attendra le mariage. Il est très croyant d’ailleurs. L’acteur Jacob Elordi qui interprète Elvis Presley est saisissant, incroyable dans sa façon de rendre la complexité de la personnalité d’Elvis. Il est beau comme un dieu avec une aura incroyable, un charisme saisissant. C’est ce duo Jacob Elordi/Cailee Spaeny qui donnent le pouvoir d’attraction irrésistible à cette histoire. Sofia Coppola tourne à Graceland et en adoptant le point de vue de Priscilla, très judicieusement, elle nous offre le regard de la jeune fille découvrant, peu à peu, les travers du King. Car derrière le mythe Elvis, sorte de gendre idéal, se cache un homme colérique, accroc aux amphétamines, somnifères et autres médicaments qu’il prend par poignée entière. Il faut savoir qu’à sa mort, à l’âge de 42 ans, le cœur d’Elvis avait doublé de volume. Le mythe du jeune premier était devenu un artiste bouffi par les excès, la mégalomanie et la peur panique de devenir ringard. Au mépris de sa famille, Elvis s’éloigne avec des tournées incessantes, tout comme des tournages de films s’enchaînant. Son environnement amical n’arrange rien, Elvis perdant peu à peu toute notion de la réalité, en se réfugiant dans une paranoïa, une mégalomanie et diverses manifestations psychiques accentuées par les prises de drogues et de médicaments. La Bo et les images sont belles. Il y a un vrai travail esthétique. Sofia Coppola retrouve sa verve en traitant le récit de Priscilla. Une jeune fille abandonnant tout pour Elvis. Ce dernier la considère comme une sorte d’objet totem. Ses aventures extra-conjugales, ses excès, ses absences liées à sa carrière, sa folie, finiront par mettre fin à leur histoire d’amour. La petite fille qui naîtra de leur union n’y changera rien. Priscilla est le récit d’une émancipation, d’une femme refusant d’être considéré comme un simple objet que l’on exhibe pour donner le change au mythe du gendre idéal d’Elvis. L’émotion affleure aussi devant la déchéance du King Elvis devenu l’ombre de lui-même. Une auto destruction en règle, un lien à sa mère décédée très tôt dans sa jeunesse, qu’il n’arrivera jamais à surmonter. Tout est source d’excès avec Elvis. Au final, on obtient un excellent film. Avec « Priscilla », Sofia Coppola signe un retour aux sources salvateurs, aux racines de son cinéma. Je vous le recommande. Il sort en salle le 3 janvier 2024. N’hésitez pas.

Mon avis :

Note : 4.5 sur 5.