Avant d’entamer ma chronique sur le nouveau roman « Harlem Shuffle » de l’auteur américain Colson Whitehead, je tiens à partager avec vous cette rencontre à la librairie Mollat entre celui-ci et un parterre de lecteurs échangeant autour des thématiques abordées dans ce livre. L’interview est vraiment très intéressante. Si ça vous tente, je le partage avec plaisir ! 😊

Je remercie très chaleureusement les éditions Albin-Michel et sa très belle collection « Terres d’Amérique » dirigée par Francis Geffard pour ce service presse

Ma chronique : Colson Whitehead s’est imposé, en seulement trois romans, comme une figure incontournable du paysage littéraire américain. Deux Prix Pulitzer en 2017 pour « Underground Railroad » et en 2020 pour « Nickel Boy. » Seuls William Faulkner et John Updike l’ont faits. C’est dire le talent et l’importance prise par Colson Whitehead, son impact dans les médias et auprès des lecteurs. La presse française est unanime, Télérama en tête, pour parler d’un immense roman. Le moins que je puisse dire c’est que je ne vais pas être très original en soulignant le talent d’écriture, l’acuité de la pensée de Colson Whitehead qui en l’espace de quelques années est véritablement devenu le porte-voix de la communauté afro-américaine. C’est un auteur engagé et il ne s’en cache pas. Il souhaite réveiller les consciences et expliquer combien les noirs américains ont été victimes d’injustices, de mépris, de ségrégations, de violences avec la monstrueuse KKK soutenue jusqu’à il n’y a pas si longtemps par les pouvoirs politiques, la police et les blancs racistes du sud des Etats-Unis. En fait, les anciens Etats esclavagistes. Les grands écrivains creusent leurs sillons inlassablement. Colson Whitehead porte ses convictions dans un soucis d’équité inlassablement réclamé par le peuple noir américain. Je dis « inlassablement » car la question est loin d’avoir réellement aboutie. Aujourd’hui encore, abattre un jeune noir n’est pas encore perçu par certains pans de la population blanche, comme étant un véritable crime. Le meurtre de George Floyd par un policier blanc a suscité énormément de colère chez les progressistes américain. Malheureusement, il n’y a pas eu unanimité et la question du racisme qui est au cœur de l’œuvre de Colson Whitehead est plus que jamais d’actualité. Dans « Harlem Shuffle » son nouveau roman, Colson Whitehead nous plonge dans le Harlem du milieu des années 60, en pleine lutte pour les droits civiques, lieu d’émeutes et de violences contre l’impunité des policiers blancs assassinant de jeunes noirs pour presque rien. Ray Carney, est le personnage central de l’histoire. Il aime sa famille, il est attentif mais il est aussi suffisamment malin pour monter discrètement des arrangements afin d’arrondir ses fins de mois. Il possède un magasin de meubles à Harlem où il vivote. Jusque là tout semble rouler pour lui. Il est quelconque, ni trop intelligent, ni trop bête, il est le citoyen lambda que personne ne remarque. Jusqu’au jour où son cousin junkie lui dépose une mallette qu’il n’est pas sensé ouvrir. C’est la que l’embrouille commence car le contenu de la mallette intéresse beaucoup de monde, des gros poissons de la pègre de Harlem et une richissime famille néerlandaise spécialisée dans l’immobilier. Pour le reste vous découvrirez le monde interlope, les derrières des devantures, les arrières salles où jeux d’argent, trafic de stupéfiants et prostitutions nourrissent aussi bien certains habitants de Harlem que des flics blancs venant prélever leur dû, leurs enveloppes contre une « protection » hypothétique. « Harlem Shuffle » est aussi bien un classique du roman noir, avec cette immersion dans les arrangements avec la loi, la corruption de la police, des politiques. C’est aussi un livre engagé rappelant la lutte menée dans les années 60 à Harlem pour réclamer l’égalité de traitement avec les citoyens blancs. L’humour noir est bien présent avec des descriptions de personnages haut en couleur. Sur Télérama, Colson Whitehead précise que « Harlem Shuffle » n’est que le premier tome d’une trilogie en cours d’écriture. La première partie du récit prend le temps d’instaurer une ambiance plutôt légère mais au fur et à mesure, l’aspect sombre et dangereux prend le dessus avec un Ray Carney sous pression suite aux coups fourrés de son imbécile de cousin junkie. C’est l’un des romans à ne surtout pas manquer en cette rentrée littéraire 2023.

Mon avis :

Note : 4 sur 5.