Mon avis : Adapté du roman de Joyce Carol Oates, Andrew Dominik signe un film exigeant, ténébreux et qui, à coup sûr, va susciter le débat chez les cinéphiles. Nous sommes emportés par une interprétation exceptionnelle d’Ana De Armas en Marylin Monroe, mais cela suffit-il à en faire LE « grand film » tant attendu sur l’icône ?

Note : 4 sur 5.

Il faut être sacrément, courageux, audacieux et persévérant (un peu fou..) pour imposer ses propres choix artistiques, sa vision d’une icône, extraite tout de même du roman de Joyce Carol Oates, à une firme de streaming comme Netflix. Andrew Dominik a résisté et exigé que son montage soit montré tel qu’il l’a voulu. Netflix a voulu rendre ce film moins noir et retirer également la tension sexuelle, son assouvissement, ces fantasmes qui font parties intégrantes du mythe Marylin Monroe. Hypocrite, la société américaine et Netflix jouent les pudibonds pour un bout de sein ou une paire de fesse montrée à l’écran. Andrew Dominik a eu raison d’insister, car comment aborder Marylin Monroe, son image, ce qu’elle représente aujourd’hui encore, sans questionner ce besoin irrépressible d’être aimé par les hommes qui partageront sa vie mouvementée sentimentalement. Marylin est à la recherche d’un père de substitution. Un père qu’elle ne connait et une mère internée en hôpital psychiatrique pour cause d’hystérie, de dépression et d’une multitudes d’autres soucis psychiques. Violentée la petite Norma Jeane est envoyé à l’orphelinat. Une enfance où tout se joue déjà, qui et c’est le point de vue du long métrage, pèsera de façon monumentale sur le psychisme de l’icône, ses choix de carrière, ses mariages successifs, sa recherche du « père » de substitution. Le prisme de l’intime prend le pas sur la légende. Norma Jeane est vampirisée, comme absorbée tout entière par son personnage de Marylin Monroe, sa carrière, ses succès. Subissant les assauts du destin, le récit de la vie imaginée par Joyce Carol Oates et Andrew Dominik, nous montre une jeune femme fracturée entre ses deux identités qui chacune cherche à prendre le dessus sur l’autre. Pour être « pleinement » Marylin Monroe, Norma Jeane doit s’effacer. Marylin est intemporelle. Elle a vécu dans sa chair la souffrance liée à deux avortements imposés et une fausse couche. La Marylin du film est torturée, dépressive, accroc aux médicaments anxiolytiques et autres somnifères avalés avec de l’alcool. On songe à un chemin de croix où Marylin subit et ne fait que cela. Mais était-ce vraiment elle ? Marylin Monroe n’était elle pas pleine de caractère, sachant jouer de ses charmes pour mener une carrière ambitieuse. On ne peut paraître aussi fragile pour mener à bien l’ambition légitime qui était la sienne. Sa vie tourmentée, ses névroses de l’enfance, son changement d’apparence (je trouve dommage que la thématique de la chirurgie esthétique ne soit pas abordée), Marylin est un peu de tout cela et c’est ce qui en fait une légende. Chacun(e) pense avoir le bon angle de vue, le bon prisme pour aborder et tenter de comprendre les choix, le destin de Marylin. Andrew Dominik le dit, il n’a pas réalisé un biopic mais une libre inspiration d’un roman lui même détaché d’une volonté d’embrasser Marylin dans son entièreté. Au final, on sait qu’il est prodigieusement impossible de faire le tour de la personnalité et de la vie, du décès même de l’icône. Reste ce long métrage, 2h50 que l’on ne voit pas passer, une Marylin Monroe interprétée par une Ana De Armas absolument incroyable ! La reconstitution de l’époque, le choix des acteurs, le réalisme de certaines scènes crues mais nécessaire pour mieux saisir le monde du cinéma dans lequel Marylin souhaitait faire carrière. Je mets un bémol, ce choix de jouer uniquement sur le registre dramatique de la vie de Marylin, sur sa prétendue soumission au système des studios de cinéma, on peut s’interroger légitimement sur cet angle de vue qui peut finir par plomber le film et agacer le spectateur. Je pense que certain(e)s spectateurs ne manqueront pas de trouver ce « Blonde » glauque. A vous de choisir si vous désirez le voir ou non. C’est un film à prendre ou à laisser, qui a le mérite de susciter le débat. Un « grand film » non mais on peut saluer Andrew Dominik pour sa persévérance dans ses choix quitte à laisser une partie du public sur le bord du chemin.

Mon avis : Ame sensible s’abstenir. Je dois vous avouez que cette série sur le tueur en série Jeffrey Dahmer est absolument terrifiante. Moins thriller que « biographie » depuis l’enfance jusqu’à son arrestation et son décès en prison, Dahmer suscite une répulsion totale. Personnage abject, psychopathe à tendance cannibale et même nécrophile, je m’arrête là dans la description de ce monstre absolu. Son regard est absolument dénué de toute émotion, il ne ressent rien, n’a d’affection pour personne, sociopathe, d’une perversité peu commune, Dahmer fréquentait une boîte de nuit gay à Milwaukee, principalement destiné aux jeunes gays afro-américains. Dahmer, incroyablement interprété par Evans Peters, avait toujours le même mode opératoire : séduire de jeunes hommes noirs et les inviter chez lui. Là, il droguait la victime, l’assassinait puis… je vous passe les détails. 10 épisodes malsains où j’ai ressenti un malaise, celui de mettre en avant ce monstre absolu. La série est très bien faite, très bien joué, mais les familles des victimes ont légitimement critiqués le choix de Netflix de réaliser une série sur Dahmer. Ne jamais oublier que ce Dahmer a bel et bien existé et qu’il convient d’émettre des réserves, ne serait ce que par respect pour les familles des victimes.

Note : 3 sur 5.