Mon Avis : Un grand roman sur la volonté d’émancipation d’une jeune fille vivant au Maroc, confrontée à l’archaïsme d’une société musulmane patriarcale.

Note : 5 sur 5.

Tahar Ben JellounLe miel et l’amertume« , une histoire déchirante, celle d’une jeune fille vivant au Maroc dans une famille traditionaliste et qui après avoir vécu l’horreur, sous le coup du traumatisme, décide de se suicider. Avec ce roman très bien écrit, on plonge au cœur des mentalités du Maroc, les méandres de la religion musulmane, vécu différemment selon les familles. On nous présente les mariages arrangés, le contrôle total et rigoriste de la foi islamique dans une société marocaine corseté, où les tabous sont nombreux notamment sur la sexualité. La virginité des jeunes filles qui sont mariées à des hommes qu’elles n’aiment pas forcément. Alors on serre les dents et l’on prie pour que le mari ne soit pas trop violent. Le divorce dans ces familles traditionnalistes est inenvisageable. Samia à 16 ans, elle aime la poésie, la lire et l’écrire. Elle tient d’ailleurs un journal intime où elle expose son mal être et l’impossibilité de se réaliser pleinement, de vivre selon ses désirs, d’être soi-même. Le livre nous parle de ces parents mortifiés suite à la perte de leur fille. Mourad, un père effacé, manquant de courage, de cran mais qui souffre terriblement. Les rapports avec sa femme Malika sont quasi impossible, chacun des deux rejetant la faute sur l’autre sur le drame vécu. Société du silence, où il ne faut surtout pas aborder par peur de la rumeur, du regard des voisins, de la honte face à tout comportement un peu différent des mœurs communément admise et défendu par un islam rigoriste. Cette immersion au cœur du Maroc, la corruption omniprésente et la difficulté pour les femmes d’assouvir leurs envies, de réaliser quelque chose qui leur appartiennent vraiment. C’est terriblement émouvant, profondément sombre avec tristesse lancinante d’un couple qui se déchire. Samia n’avait que seize ans. Son geste peut être perçu comme une sorte de pied de nez terrible aux traditions qui étouffent la société marocaine. C’est un roman que je vous recommande. Tahar Ben Jelloun a obtenu le prix Goncourt 1987 pour son roman « La nuit sacrée. »

Mon Avis : Prétentieux, voyeur, pornographique, un roman qui chez moi, a suscité le rejet le plus total. Je déconseille.

Note : 1 sur 5.

Curieux objet littéraire que ce « Clèves » de Marie Darrieussecq. Premier roman lu de l’auteure, je ne retenterais pas l’expérience et je vais vous expliquer pourquoi. « Clèves » est le nom d’un petit village de quelques centaines d’habitants. Solange est le personnage central de cette histoire sur l’éveil à la sexualité chez les tous jeunes adolescents. Le style littéraire de Marie Darrieussecq m’a semblé très répétitif dans l’expression de ses idées sur cette thématique de la sexualité. J’ai l’habitude de lire des livres sur des sujets difficiles mais là, ce roman a créé chez moi une forme de malaise qui ne m’a pas quitté durant cette lecture. La première partie du roman nous conte l’histoire de Solange encore enfant en CM2. Les descriptions des jeux dans les cours de récréation entre garçons et filles m’ont paru hors de propos et même, je dois vous l’avouez, choquantes. On parle de petite fille et je suis désolé mais je n’accepte pas que l’on « érotise » les jeux pratiqués dans les cours de récréation. Je trouve cela malsain. Un enfant ne donne pas une dimension sexuel à ces jeux de découverte. Ensuite, la descriptions du couple de ses parents, un père volontiers libertin qui s’exhibe nu devant sa petite fille, je suis désolé mais ça me gêne terriblement. L’auteure use et abuse de termes triviaux pour décrire Solange, cette fois-ci, adolescente. Les jeunes hommes sont réduit à leurs « bites », mot répété ad vitam aeternam jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Les jeunes femmes sont décrites comme des « cavités, des chattes attendant d’être rempli. » Je suis désolé pour vos esprits d’user de ces termes mais Marie Darrieussecq en use et abuse. La sexualité de Solange n’a pas de limite, elle la dépasse et son désir d’être « baisé » ou bien encore d’être « une chienne » est décrite par l’auteure en long et en large avec les termes utilisés précédemment. L’acte sexuel est vu comme étant uniquement une pulsion avec un rapport de domination qui confine à la violence physique et même moral. Comme si Marie Darrieussecq se servait des images éculées de la pornographie, usant et abusant de descriptions très crues qui m’ont ennuyé au possible. Un roman qui fait un peu plus de trois cent pages mais qui aurait pu être réduit à moins de cent pages tant le sentiment de répétition a fini de m’achever. J’ai fini ce livre mais la vision de la sexualité de ces adolescents dans les années 80 avec l’irruption, il ne faut pas l’oublier, du sida. Solange ne se protège pas contre les virus sexuellement transmissibles, elle ne prend pas la pilule et tout cela en menant une sexualité débridée. Tout nous ramène au « cul », à la « baise. » Le marquis de Sade aurait pu écrire ce livre qui se veut moderne mais qui au final est surtout plombant et ennuyeux. Marie Darrieussecq manque d’imagination et surtout elle perçoit le sexe sans jamais évoquer la tendresse, le fait d’être amoureux, sentimental, même pudique d’une certaine façon dans sa manière de découvrir peu à peu la sexualité. Non un homme ne peut être résumé uniquement à sa « bite » et une jeune femme à sa « chatte. » Elle donne l’impression que les adolescents sont uniquement livrés à leurs pulsions et à la satisfaction de ces dernières. Ce livre manque cruellement de poésie, d’inventivité parce qu’il y a autant de façon d’aimer et de vivre une sexualité épanouie sans séparer forcément ‘sexe » et tendresse, amour, poésie. Un homme peut être sentimental et respecter sa partenaire. Là encore, l’auteure décrit un rapport de force, une violence, une soumission des jeunes filles au diktat du porno. Vous l’aurez compris, j’ai détesté ce roman sans idée, sans cette magie de la rencontre amoureuse et respectueuse entre hommes et femmes. Ennuyeux, cliché, faussement moderne et volontiers vulgaire, ce sera bel et bien la dernière fois que je lis un livre de Marie Darrieussecq. Apollinaire et ses « exploits d’un jeune Don Juan » était déjà passé par là avec son aspect cru mais autrement plus drôle et léger, sans se prendre au sérieux, fripon et amusant. Tout l’inverse de « Clèves » de Marie Darrieussecq.

Marie Darrieussecq