L’Histoire : 2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu’au jour où le système judiciaire se retourne contre eux…

Mon avis :

Note : 4 sur 5.

Cédric Jimenez a divisé sur le fond avec « Bac Nord« , véritable cri d’alerte d’une profession, la police, stigmatisée et coupée d’une partie de la population dans ces zones de non droit que sont devenues les banlieues. Des ghettos pauvres où sont regroupés tous les problèmes sociaux, de violences, de trafics. Ici, on est sur le terrain et Cédric Jimenez ne s’embarrasse pas des fioritures, il nous offre avec « Bac Nord », un film sous tension, nerveux, prenant, impossible à lâcher tant l’action est omniprésente. Nous ne réconcilierons pas les lecteurs de Libé et des Inrocks et ceux de Valeurs actuelles, tant les ressentis, face à ce que nous montre ce film, seront différents. Ici, on adopte le point de vue de la police et des hommes de terrains lâchés par leur hiérarchie, jugé presque plus durement que les dealers de ces banlieues. On ressent de la colère, on a mal pour ces hommes de la Bac Nord à Marseille qui doivent, avec des moyens dérisoires, affronter une réalité provoquée par la lâcheté des politiques de tous bords. Le versant politique ne sera pas jugé ici, car ce blog n’a pas vocation à défendre telle ou telle thèse plutôt qu’une autre. Vous vous ferez votre propre avis après l’avoir vu. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ce film ne peut laisser indifférent. La réalisation fait songer, dans une certaine mesure, à un Michael Mann, avec cette tension tout au long du récit, des séquences d’actions prenantes, des acteurs, dont Gilles Lellouche, à leur sommet. Adèle Exarchopoulos est toujours aussi charismatique même si son rôle est moins important que celui du trio Lellouche, François Civil et Karim Leklou. Un film qui remue et dérange nos consciences de citoyens prompts à réclamer l’exemplarité d’hommes et femmes confrontés à une misère sociale, une violence endémique. Le côté film d’action prime bien sûr et il ne faut pas chercher ici un film à la Kechiche. Brutal ce film l’est certainement et il nous présente un horizon pas glorieux du tout. Obligés de jouer avec les règles, à les enfreindre pour mener leur travail d’information et d’interpellation sur le terrain, l’IGPN rôdant autour d’eux, c’est peu dire les risques qu’encours les policiers au quotidien. J’ai pris ce film comme un uppercut en pleine face. On en ressort groggy bien sûr mais « Bac Nord » mérite d’être regardé comme un excellent film d’action. Pas de place pour l’ennui ici. Sur la forme, j’ai trouvé ce film très réussi et réaliste. Sur le fond, nous pourrions en débattre longuement. Reste cet état des lieux d’une profession en état de choc qui n’est pas sans rappeler le mal-être, le malaise des enseignants de ces quartiers difficiles.