L’Histoire : Un jour d’été 1596, dans la campagne anglaise, une petite fille tombe gravement malade. Son frère jumeau, Hamnet, part chercher de l’aide car aucun de leurs parents n’est à la maison…

Ma Note : Attention Chef d’œuvre, le livre à ne manquer sous aucun prétexte !

Note : 5 sur 5.

« Il est mort et parti, madame. Il est mort et parti; à sa tête une étendue de gazon vert; à ses talons une pierre. » Hamlet, acte IV, scène 5.

Maggie O’Farrell signe son huitième roman publié aux éditions Belfond. Son titre « Hamnet« . Immédiatement ce prénom fait résonance, écho dans un coin de votre esprit, alors vous songez à Hamlet le chef d’œuvre de William Shakespeare. En effet, Hamnet et Hamlet sont liés par le destin. Dans les années 1580, un couple qui habitait Harley Street, dans la ville de Stratford, eut trois enfants : Susanna, puis Hamnet et Judith, des jumeaux. Le jeune enfant, Hamnet, mourût en 1596 à l’âge de onze ans. Quatre ans plus tard, Shakespeare, son père, écrivit une pièce de théâtre qui allait marquer pour l’éternité le paysage littéraire : Hamlet. Il faut savoir que Hamnet et Hamlet sont en fait le même prénom dans les registres de Stratford de la fin du XVIème et du début du XVIIème siècle. Quel livre sublime, d’une sensibilité, d’une délicatesse rare qui nous emporte, nous envoûte pour ne plus nous lâcher grâce à cette plume merveilleuse de Maggie O’Farrell. J’ai rarement lu un roman d’une telle beauté sur le fond comme dans la forme, alors oui j’ose le mot chef d’œuvre car je pense qu’il n’est pas galvaudé ici bien au contraire. Vous allez plonger dans l’histoire d’un précepteur de latin, William Shakespeare, fils d’un père gantier de son état prénommé John, violent et irascible qui battra son fils et n’aura de cesse de l’humilier pour lui faire payer le déshonneur qui pèse sur la maison familiale. William n’y est pour rien mais les affaires louches de John ont fini de ternir la réputation de ce dernier. La description de ses colères, véritables tempêtes, tornades qui emportent tout sur leur passage sont des moments terribles. J’ignorais pour ma part, cette facette de la vie de William. On nous parle aussi très longuement d’Agnès, l’épouse de William et la mère d’Hamnet. Agnès a perdu sa mère très jeune mais elle tient d’elle son amour inconditionnel pour la liberté d’être femme, son amour inconditionnel de la nature qu’elle apprivoise mieux que personne. Il y a avec Maggie O’Farrell, tout un vocabulaire des sensations, des senteurs avec une nature omniprésente, presque magique où l’on puise les moyens de se soigner, de se nourrir, de se chauffer et tant d’autres choses essentielles du quotidien. Il y a même une sorte de paganisme dans les rituels d’Agnès qui est vue par la communauté comme une excentrique, une jeteuse de sorts tout comme sa mère avant elle. Les pages sur Agnès sont parmi les plus poétiques du roman et elles sont d’une puissance d’évocation, d’une beauté, peu commune. Bartholomew est le frère d’Agnès et il aime celle-ci inconditionnellement. C’est un des personnages secondaire que j’ai le plus aimé dans ce roman. Il est toujours là, tel un arbre gigantesque et protecteur sous lequel Agnès peut se sentir en sécurité. Les chapitres alternent donc et nous permettent de suivre la vie de William dont le prénom n’est jamais cité, celle d’Agnès et celle d’Hamnet, leur fils. Hamnet est un garçon rêveur, intelligent mais étourdi dont l’esprit vole au gré du vent et des bruits qu’il entend dans la rue. Hamnet a un amour indéfectible pour sa sœur jumelle Judith. Lorsque celle-ci tombe malade, il court chercher de l’aide. Son désarroi est total, sa tristesse égale à l’amour immense et à l’admiration qu’il voue à Judith. Ces deux êtres sont liés dans la vie comme dans la mort. Là encore, la description de la lente progression de la pestilence par bateau d’Egypte jusqu’en Angleterre a rarement été décrite avec autant d’acuité. Lorsque Judith tombe malade, Agnès cueille chez son frère des plantes médicinales et ne se doute de rien. William est à Londres pour son travail. Ils vont devoir affronter l’épreuve la plus atroce, celle que tout parent redoute : la mort d’un enfant. Les mots de Maggie O’Farrell sur le deuil, sur la douleur incommensurable de perdre un enfant, sont parmi les plus beaux qu’il m’ait été donné de lire. « Hamnet » est un roman magnifique, déchirant sur l’amour, sur le deuil, sur le poids de la communauté, sur la nature, sur notre état d’être fragile sujet à la maladie, à la mort. Celle-ci rôde, la faucheuse est en éveil et cueille son dû. On ressent toutes les émotions qui traversent Agnès et son époux, cette douleur qui transperce le cœur, foudroyante. J’ai été marqué par la description des accouchements, moment fatidique où la future mère est, plus que jamais, sur ce fil ténu entre la vie et la mort. C’est incontestablement un des très grands livres de cette année 2021 ! N’hésitez pas, « Hamnet » c’est publié chez Belfond et c’est le tout nouveau et merveilleux roman de Maggie O’Farrell.

Je remercie très chaleureusement celles qui m’ont permis de découvrir ce roman :

Céciloule-Pamolico https://wordpress.com/read/feeds/74815402/posts/3290172663

MaVoixAuChapitre https://wordpress.com/read/feeds/94272939/posts/3301182995