Ma Note :

Note : 4 sur 5.

Je remercie chaleureusement les Éditions Albin-Michel pour cette lecture et leur confiance !

Adam Weymouth est journaliste et spécialiste des questions environnementales et écologiques. Il a été sacré « Jeune écrivain de l’année » en Grande Bretagne en 2018. Son récit de voyage « Les rois du Yukon » vient de paraître aux éditions Albin Michel en ce mois d’avril. L’auteur a descendu en canoë le Yukon en deux voyages en 2016 et 2017. Il a écrit un récit enlevé, savoureux, riche en portraits authentiques d’autochtones en Alaska et dans l’ouest du Canada. Adam Weymouth a une très belle plume ce qui renforce l’immersion dans cette nature sauvage, au gré de la descente du Yukon. C’est un récit de voyage dans la lignée du sublime « Into the wild » de John Krakauer. On y retrouve une aura de récit écologique et politique mais sans culpabiliser le lecteur. Weymouth explique, fait œuvre de pédagogie, ne fait pas d’anathèmes. On le sent passionné et soucieux de ne pas perdre son lecteur en route. On retrouve en Alaska et dans l’ouest du Canada, cinq espèces de saumon différentes. Parmi elles, le chinook ou saumon royal. Un saumon sauvage qui remonte entre la débâcle et l’englacement près de 3000 km de fleuve. Le Yukon est le plus long fleuve à accueillir des remontées de saumons sauvages. Parti de quelque part au cœur du Pacifique, les royaux arrivent à l’estuaire du Yukon, d’où ils parcourent le fleuve à contre courant. C’est un lieu mythique. L’histoire de ce chinook se confond avec celle de cette terre. En Alaska, on a découvert à l’embouchure de certaines rivières des pétroglyphes vieux de dix mille ans. Les descriptions de la nature et de ses habitants rappellent le meilleur des récits de voyage. C’est une perception très fine d’un monde qui disparaît peu à peu. Le chinook a une importance considérable, pour l’écosystème du Yukon, car près de cinquante mammifères se nourrissent de lui. Mais malheureusement, la population de chinook du Yukon est en très mauvaise santé. L’auteur donne les raisons dans ce livre. On y parle de surpêche, de réchauffement climatique, des feux de forêts boréales qui, rien qu’en 2015, ont dévasté un territoire de la taille du New Jersey. Un récit des plus vivant, entrecoupé de portraits des communautés autochtones. Adam Weymouth nous plonge, sans misérabilisme, mais en regardant les problèmes en face, dans une nature sauvage menacée par l’activité humaine. On est ému, touché par l’authenticité, l’honnêteté intellectuelle de Adam Weymouth. Jamais donneur de leçons, Weymouth dresse un constat en homme lucide sur les chances et les limites de la préservation de cet écosystème unique au monde. Si vous aimez les récits de voyage, la nature sauvage, sans oublier les portraits haut en couleur, quelque chose me dis que ce livre devrait vous plaire. A découvrir.