L’Histoire : A vingt et un ans, Horace Hopper ne connaît du monde et de la vie que le ranch du Nevada où il travaille pour les Reese, un couple âgé devenu une famille de substitution pour lui. Abandonné très tôt par ses parents, il se sent écartelé entre ses origines indiennes et blanches.
Secrètement passionné de boxe, Horace se rêve en champion, sous le nom d’Hector Hidalgo, puisque tout le monde le prend pour un Mexicain… Du jour au lendemain, il largue les amarres et prend la direction du sud, vers sa terre promise. Saura-t-il faire face à la solitude du ring et au cynisme de ceux qu’il croisera en chemin ? Peut-on à ce point croire en sa bonne étoile, au risque de tout perdre ?

Je remercie chaleureusement les Éditions Albin-Michel et sa collection « Terres d’Amérique » pour cette lecture et leur confiance !

Ma note :

Note : 5 sur 5.

Avec « Devenir quelqu’un » Willy Vlautin signe son cinquième roman, tous paru chez Albin-Michel dans la collection « Terre d’Amérique« . Et quel roman ! J’ai lu peu de livres aussi beaux sur la boxe et sur tout ce qui gravite autour de ce sport. L’envers du décor de la boxe. Horace Hopper le note dès son réveil, dans un vieux cahier qui lui sert de journal : « Je veux devenir quelqu’un ». C’est son obsession, le but qu’il s’est fixé dans la vie, sa vie. Horace a vingt et un ans, il mesure un mètre soixante dix et pèse cinquante sept kilos. Il a des origines irlandaises et indien paiute. Il est écartelé entre ces deux cultures blanche et indienne. Il s’est fait tatouer le biceps gauche avec les inscriptions suivantes : « Slayer » (tueur) écrit à l’encre rouge, « Hell Await » (l’Enfer attend » à l’encre noire et un crâne cornu, couleur charbon aux yeux écarlates. Car Horace est passionné de boxe et ne rêve que de devenir champion de ce sport. Il souhaite même devenir Mexicain parce que ceux sont, selon lui, les meilleurs boxeurs, les plus courageux. Son short de boxeur porte l’inscription « Hidalgo » avec une petite mitraillette de chaque côté du nom. Horace a été abandonné par ses parents qui ne s’en sont jamais occupé après leur divorce. Il vit dans un ranch du Nevada avec Mr et Mrs Reese, un couple âgé et sa famille de cœur. Le départ prochain d’Horace angoisse Mr et Mrs Reese. Ils le considèrent comme leur fils. On ressent beaucoup d’amour de la part d’Eldon et de Louise pour Horace. Ce dernier a permis de sauver Mrs Reese de la dépression dont elle souffrait lorsque ses enfants ont quitté le ranch pour vivre leur vie. Pour le dissuader de partir, Eldon propose même à Horace de reprendre le ranch où ils élèvent des moutons, du bétail avec leurs chevaux, et leurs chiens. C’est une grande preuve de confiance et d’amour. Mais dans la tête d’Horace, tout est clair, il sera champion de boxe. Son sang irlandais et indien lui fait honte et il souhaite s’inventer une nouvelle vie. Est-ce un mirage comme ce que l’on vit lorsque dans sa jeune vie tout est encore possible ? Eldon craint qu’il ne connaisse le même sort que lors de son premier combat au tournoi de Golden Gloves du Nevada à Las Vegas. Horace avait été défait. Ce souvenir hante le jeune homme. Horace paniquait quand il était sous pression. Mais il était décidé et Horace partit donc à Tucson en Arizona. Là-bas, il connaît la solitude des grandes métropoles. Il trouve un travail, il s’entraîne dur et s’invente un nom mexicain : il se fait appeler « Hector Hidalgo » et il fait appel à un entraîneur, Ruiz. Il remporte son premier combat et le tournoi mais il a toujours le trac et sa nervosité est palpable. Willy Vlautin dresse les portraits des rencontres que fait Horace ou « Hector Hidalgo ». Beaucoup de tendresse, d’humanité, d’émotions dans ce roman puissamment évocateur du monde de la boxe. Horace a un grand cœur. Il rencontre des paumés de la société américaine, descend dans des hôtels miteux avant les combats. Il gagne mais encaisse beaucoup trop de coups. Willy Vlautin alterne entre des chapitres sur la vie au ranch et d’autres sur le parcours de boxeur d’Horace. Ce dernier fait des combats au Mexique et découvre la misère des quartiers chauds. Il y a aussi beaucoup de tendresse et d’amour entre Eldon et Louise au ranch. Horace leur manque. Ce dernier a du courage et l’inconscience de son âge. Une histoire criante de vérité, sensible et déchirante comme un cri dans la nuit, celui d’un appel à l’aide. On achève « Devenir quelqu’un », la gorge nouée avec le sentiment d’avoir vécu une expérience de lecture inoubliable. Le style d’écriture est remarquable. C’est sombre et dans un même temps c’est la vie telle qu’elle est, avec ses aspérités, sa beauté et ses ravins où l’on s’effondre pour ne plus se relever. « Devenir quelqu’un » de Willy Vlautin est mon coup de cœur absolu de ce début d’année. D’une beauté cinématographique que ne renierait pas un certain Clint Eastwood. Publié chez Albin-Michel dans la très belle collection « Terres d’Amérique ». « Devenir quelqu’un » de Willy Vlautin c’est le roman à ne pas manquer en cette rentrée littéraire.

Édition brochée
21.90 €

3 Février 2021
140mm x 205mm
304 pages
EAN13 : 9782226401984