71AIgOZZY+LL’Histoire : Alors qu’il ensevelit un cadavre dans une caverne forestière de l’Ouest parisien, Adrien, presque dix-huit ans, a bien du mal à se remettre du cataclysmique règlement de comptes familial auquel il vient de survivre, notamment grâce à l’intervention déterminante d’animaux, face aux personnes qui les exploitaient. La veille, sa mère, productrice d’une émission télévisée, et son père, chirurgien esthétique, avaient dû répondre de leurs perversités commises depuis leur rencontre quasi-initiatique devant Le Cavalier de l’Apocalypse, un des Écorchés de Fragonard. Une autopsie à vif de la vie éminemment déviante de ses parents, menée par des inquisiteurs particulièrement vindicatifs…

Je remercie chaleureusement les Éditions L’Harmattan ainsi que l’auteur Michel Picard pour cette lecture et leur confiance !

« L’ŒIL ÉTAIT DANS L’ARBRE Et regardait de drôles d’oiseaux« , rarement un titre n’aura été à ce point évocateur des moments truculents que réserve le thriller déjanté de Michel Picard. Ce dernier se lâche complètement dans ce roman qui est irrésistiblement « foutraque », car de folie il va en être question tout au long de ces près de 450 pages qui vont nous narrer les excentricités, les perversions d’un couple chapeauté par une espèce de gourou sadique atteint des pires déviances. Les personnages sont tous aussi barrés les uns que les autres et c’est effectivement jouissif de se retrouver à lire le récit des péripéties nombreuses que contient cette histoire. Un univers fantasque et délirant que ne renierait pas un certain Albert Dupontel et son humour noir ravageur des débuts. Comme dans « Bernie », le gentil petit oiseau est en mauvaise posture prêt à se faire croquer. Les dialogues sont ciselés et décapant avec un second degré qui m’a beaucoup plu. On ressent tout le travail de scénariste de Michel Picard qui commence son récit par l’immersion dans une grotte du jeune Adrien qui transporte dans une vieille moquette élimée un corps qu’il va cacher dans ces recoins perdus de la forêt. Tout cela c’est « Le jour d’après » car il y a eu « un jour d’avant » et le récit d’être partagé, de balancer entre ces deux pôles temporels. L’auteur ne nous laisse pas le temps de nous ennuyer car l’action est prépondérante et les dialogues font mouches. Il faut dire qu’avec Blandine, cynique et perverse à l’extrême, présentatrice d’une émission qui récolte de l’argent à des fins caritatives pour sauver des animaux dont elle n’a strictement rien à faire, ou bien encore son mari Cyril, tout aussi dingue, chirurgien esthétique de son état ayant la fâcheuse propension à rater une opération sur deux, on est servi. Leurs enfants ne sont pas en reste : il y a Vincent, l’aîné de la fratrie parti en Colombie et qui aurait été kidnappé contre rançon, en sachant qu’il n’en est pas à sa première tentative d’extorsion d’argent à ses parents, lui qui détient des vidéos compromettantes d’eux. Vincent veut la valise d’argent de ses parents.. Flore, leur sœur, a perdu son petit ami, mystérieusement suicidé tandis qu’Adrien le petit dernier, 18 ans à peine, est aussi épris des oiseaux que de sa petite amie Karine avec qui il désespère de trouver enfin le bon moment pour conclure et avoir, enfin, sa première expérience sexuelle. Le rythme est soutenu, le scénario malin car il va jusqu’au bout de son délire. Le fond de l’histoire est sombre, les sujets abordés sont tout sauf évident mais j’ai aimé être embarqué par Michel Picard qui par son écriture peut se rapprocher d’un Tonino Benacquista. Car ce livre cache une enquête retors sur les agissements de ce couple Cyril et Blandine, qu’ont-ils à cacher ? qui sont-ils réellement ? L’ensemble passe très bien car Michel Picard est, on le ressent dans son écriture pleine de malice, toujours sur cette corde raide, à mi chemin entre le rire et la tragédie, il s’amuse avec ses personnages, du plus infâme au plus naïf, candide, pour leur insuffler des idées délirantes. Volontiers baroque, Michel Picard signe un thriller détonnant. A découvrir aux éditions L’Harmattan.

Ma note: 4,5 /5

Broché : 444 pages
Éditeur : Éditions L’Harmattan (4 juillet 2019)
Collection : Cabaret