A12609L’Histoire : Le nom de Iejov, ministre du NKVD, la police politique soviétique, est associé pour toujours au moment le plus sinistre de l’histoire russe, celui de la Grande Terreur (1937-1938) et de ses millions de victimes. Alexeï Pavlioukov a eu accès aux archives centrales du FSB (les services de police politique), habituellement fermées aux chercheurs, et en particulier aux dossiers d’instruction de Iejov lui-même et de ses plus proches collaborateurs, quand ils furent à leur tour arrêtés.

La lecture de l’ouvrage « Le fonctionnaire de la Grande Terreur : Nikolaï Iejov » de Alexeï Pavlioukov nécessite de l’abnégation car l’ensemble est aride et décrit une réalité, celle de la Grande Terreur entre 1937 et 1938. Ce voyage au bout de l’enfer, cette plongée en apnée dans les bas fonds, les méandres de l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus vil, de plus lâche, de plus déshonorant est éprouvante. Le dégoût que suscite Nicolaï Ivanovitch Iejov est à la mesure du mal engendré par cet homme et sa clique, le tout chapeauté et dirigé d’une poigne de fer par l’un des plus grands criminels du XXème siècle : Joseph Staline. Le NKVD était la police politique, le bras de la répression de la contre révolution ou dit plus simplement, l’outil de mise à mort de toute forme d’opposition en URSS. Iejov, son parcours, sa psychologie (alcoolique, psychopathe qui prenait plaisir à torturer et exécuter lui-même des innocents), c’est aussi ouvrir les yeux sur une réalité, celle du goulag, des prisons surpeuplées, de la torture généralisée avec l’arrivée du bougre, celle aussi de la délation, des lettres anonymes, de la presse aux ordres, d’une immense majorité qui laisse faire et qui a peur face à une minorité agissante et criminelle : les bolcheviks. Pour résumer le livre, pour en faire un condensé en quelque sorte, je vous dirais que Iejov a remplacé Iagoda (« le traître »), un Iejov qui sera lui-même chassé pour « félonie » par Beria, le tout avec l’aval de Moscou et de Staline qui est dans cette histoire celui qui dirige les marionnettes qui doivent lui obéir en tout point. Le frère ennemi, le frère jumeau devrais je dire d’Adolf Hitler, qui a eu cette « chance » inouïe de sortir vainqueur de la seconde guerre mondiale et lavé de tout soupçon pendant longtemps, jusqu’à sa mort en 1952. La compromission et la lâcheté de ces criminels répugnent au plus haut point la sensibilité des hommes et femmes que nous sommes. Vychinski est un autre personnage qui plane comme une ombre sur ce livre. Tous ces assoiffés de pouvoir, ces petits êtres qui cherchent dans leur folie meurtrière à réparer les affres d’une vie qui ne les a pas gâté (Iejov était preque nain, il était inculte, alcoolique, infidèle, grossier, lâche, vil..). Le fruit de leur compromission avec leur guide suprême Staline, c’est une succession de morts : hommes, femmes, enfants, vieillards.. qui ont pour seul tort de n’être pas être en odeur de sainteté (un comble pour un communiste..) avec le pouvoir dictatorial et paranoïaque de Joseph Staline. C’est peu dire, que la lecture est éprouvante. On en ressort le cœur empli de colère pour tous ceux qui aujourd’hui, encore, tentent de nier ou de minimiser l’importance des crimes que l’on peut imputer au stalinisme, au communisme. Lecture salvatrice qui renforce les anticorps contre toute tentation de soutenir les petits Joseph Staline en gestation qui appellent à la révolution. Que l’on tue au nom de l’appartenance à une race (le nazisme) ou à une classe sociale (le communisme), le résultat est le même et l’on retrouve dans ces moments charnières de l’histoire, ces petits êtres médiocres qui grimpent les échelons du pouvoir à la mesure de leurs crimes. Iejov, Himmler ou Eichmann, un seul et même mal, le totalitarisme. Iejov fini fusillé le 6 février (et non le 4 février comme on le lit un peu partout) 1940. Staline, en maître stratège a fait tuer tous les hommes les plus intimement liés à la Grande Terreur de façon à leur faire porter le chapeau de ces crimes qui ont coûtés la vie à 750 000 fusillés sur 1,4 millions de personnes arrêtés. Le tout entre 1937 et 1938.. A méditer. Un grand livre d’histoire sur un épisode important de l’histoire du XXème siècle. La Grande Terreur est le plus grand massacre d’État jamais perpétré en Europe en temps de paix.

Ma note:♥♥♥♥♥/5.

41vHA0vGYEL._SX247_BO1,204,203,200_L’Histoire : Depuis longtemps, les historiens utilisent un vocabulaire qui leur est propre notamment à travers l’usage de techniques dites auxiliaires (Diplomatique, Paléographie…). Mais les réflexions sur la discipline et la confrontation aujourd’hui indispensable avec les autres sciences humaines les conduisent à se référer à un ensemble de méthodes et de concepts qui n’ont pas d’interprétation univoque (Biographie, Culture, Echelle…). Si la discipline semble éclatée, sa diversité en fait aussi tout l’intérêt : c’est pourquoi ce lexique présente les courants les plus novateurs (Histoire du genre, Socio-histoire…) comme les plus établis (Histoire des concepts, Histoire des représentations…). Les Mots de l’historien font également le point sur des termes généraux qui, au-delà de l’histoire, posent la question du rapport, souvent délicat, d’une société avec son passé (Archives, Mémoire, Négationnisme…).

Nicolas Offenstadt est un historien reconnu qui a écrit de nombreux ouvrages notamment sur l’historiographie et son enseignement. Il est à ce titre l’auteur d’un lexique « Les mots de l’historien » absolument indispensable pour tous les amoureux, les passionnés d’histoire qui, en ces temps de confusions sémantiques répétées dans les médias, veulent utiliser à bon escient à l’oral ou à l’écrit les mots et les concepts d’une matière exigeante. Très utile pour les étudiants en licence ou plus tard en master mais aussi dans le cadre de la préparation au capes ou à l’agrégation d’histoire. A posséder dans toute bonne bibliothèque. A noter que la collection « Les mots de » se décline en de nombreux tomes tout aussi passionnant : http://pum.univ-tlse2.fr/-Manuels-.html

Ma note:♥♥♥♥♥/5.