9782021243642_1_75L’Histoire : Été 1914. L’Europe plonge dans une guerre dévastatrice qui va ébranler le système politique et les valeurs d’un continent entier. Une génération plus tard, alors que les survivants du premier conflit mondial sont encore choqués d’avoir vu sombrer dans la barbarie une civilisation qu’ils considéraient comme un modèle, l’Europe s’achemine vers une déflagration plus inhumaine encore : une guerre où le massacre de civils occuperait une place centrale et dont le point culminant serait le génocide des Juifs.

Noël approche à grand pas et les idées cadeaux fleurissent ici et là. Sous le sapin et durant le temps des vacances, un livre peut être une valeur sûre, surtout lorsque celui-ci est l’œuvre de Ian Kershaw, que je ne présente plus, historien britannique spécialiste notamment du nazisme et auteur d’une formidable biographie sur Adolf Hitler (Flammarion, 2000 et 2001) qui fait l’unanimité tant dans les cerces universitaires qu’auprès du grand public. Si vous aimez l’histoire notamment la période allant de 1914 date du début du premier conflit mondial jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale et chose plus qu’intéressante et logique, son immédiat après guerre jusqu’au rideau de fer plongeant l’Europe en 1949 dans près de 40 longues années de « Guerre Froide », si vous aimez l’érudition mais aussi la clarté du propos, si vous désirez en apprendre plus sur cette première moitié du XXème siècle et sur les mécanismes qui ont conduits au suicide cette Europe, maîtresse du monde en 1914 avant de sombrer corps et âmes et de n’être plus qu’un champ de ruine partagé entre deux visions du monde irréconciliable en 1945 : celle du capitalisme, du libéralisme des Etats-Unis et celle de l’Union Soviétique avec son modèle communiste Stalinien.. ce livre est pour vous. Outre le talent de l’historien qui embrasse ici avec brio tant l’histoire de l’Ouest de l’Europe que celle de sa partie la plus à l’Est, ce que j’ai apprécié dans ce livre c’est que Kershaw nous parle aussi bien de la Roumanie, des pays Baltes, que de la Croatie ou des grandes puissances européennes d’alors. C’est une synthèse magistrale qui insiste non pas tant sur les événements des deux guerre mondiales en eux mêmes, récit que tout le monde connaît, mais bien plutôt sur ce qui a pu produire, amener, provoquer l’enfer en Europe. La période de l’entre deux guerre constitue le cœur du livre : les germes de la guerre dans le traité de Versailles en 1919, l’arrivée au pouvoir de mouvements d’extrême droite un peu partout, du fascisme en Italie mais bien plus grave encore l’irruption du nazisme et de Hitler au cœur de l’Europe avec entre ses mains la première puissance européenne à savoir l’Allemagne et son désir de suprématie; Kershaw parle aussi de façon abondante de l’Union soviétique et notamment du pendant tout aussi maléfique de Hitler qu’était Joseph Staline. Un récit apocalyptique qui ne peut laisser indifférent celui ou celle qui le lit tant notre époque présente semble faire écho à ces temps en enfer. Pour expliquer l’enchaînement des faits dramatiques, les rouages de ce suicide européen, Kershaw identifie quatre facteurs majeurs : « l’explosion du nationalisme ethnique, la virulence des révisionnismes territoriaux, l’acuité des conflits de classe et la crise prolongée du capitalisme« . C’est un ouvrage majeur qui nous est offert ici avec « L’Europe en enfer 1914-1949 » de Ian Kershaw aux éditions du Seuil, paru en Août 2016. Je vous le recommande.
Ma note:♥♥♥♥♥/5.