Et voici venu l’heureux temps des bilans de cette année 2012 ! Pas moins de vingt trois disques ont été chroniqué sur ce blog, avec de vraies découvertes, des coups de cœur et bien sûr quelques déceptions, bref une année riche en musique ! alors quels sont les cinq disques qui ont retenus le plus mon attention cette année ? La réponse c’est ici et maintenant avec ce classement Dudesque à souhait !

sigur_ros_-_valtari5)  Sigur Ros « Valtari »  Ma note :5/5.

Le groupe islandais Sigur Ros revient après quatre années d’absence avec un disque « Valtari » qui sonne comme un appel à la rêverie. Planante, la musique du groupe l’a toujours été, cette fois-ci encore c’est de ce creuset que sont issus les huit titres qui composent ce disque ovni sublime dans ces arrangements minimalistes non exempt d’envolées lyriques nous donnant la chair de poule. Souvent associé à Radiohead pour leurs recherches musicales poussées, leur goût de l’expérimentation, leur originalité, les membres de Sigur Ros n’usurpent pas leur réputation avec ce disque sonnant comme un retour aux sources bienvenus. A écouter le soir en contemplant le soleil se couchant. Ce Lp résonne comme une complainte musicale provenant d’une contrée lointaine, une sorte de bande originale de film sur fond d’aurore boréale.

http://www.deezer.com/fr/album/2735591

570581folder4) Raphaël  « Super Welter »  Ma note :4,5/5.

Bien sûr, il y avait eu « Caravane », chanson miraculeuse extraite d’un album pourtant boursouflé et d’une naïveté confondante. Depuis Raphaël semblait traîner sa bosse, portant comme une croix ce succès qui lui collait aux basques, comme s’il y avait eu erreur sur la personne. Pour ce sixième album, l’artiste a choisi de trancher dans le vif en produisant chez lui ce disque qui sonne comme un nouveau départ faisant table rase du passé. Le son résolument rock cf. « Collision », la voix plus grave, 10 titres, 35 petites minutes et ce que je n’aurais jamais cru possible chez lui, une véritable remise en question, une introspection qui accouche d’une réussite. Loin des errements d’avant, oublié la voix nasillarde et les refrains pour jeune fille en fleur, Raphaël signe ici son Lp le plus personnel et de loin le plus abouti avec ses mélodies déstructurées, ses bidouillages sonores qui donnent à ce « Super Welter » la force d’un bon vieil uppercut en pleine face. Le titre « Insensible » symbolise à lui seul parfaitement ce nouveau cru avec son refrain entêtant et son final électro-acoustique du plus bel effet. Un disque que j’apprécie beaucoup. Vraiment.

http://www.raphael.fm/Discographie/Albums/Super-Welter/Super-Welter

img-1330454084-a9d4f61654ff18b7173cab28d1a6c6333) Norah Jones « Little Broken Hearts » Ma note :5/5.

10 ans déjà que Norah Jones nous enchante avec ses compositions douces amères et sa voix suave. 40 millions de disques vendus n’auront rien changé, miss Jones reste insaisissable, discrète sur sa vie privée, ne se montrant qu’avec goût et parcimonie, elle est l’anti-star par excellence, elle qui pourtant pourrait jouer les divas. Cette simplicité alliée à un talent hors norme, sa beauté qui ne fait que grandir les années passant, tout cela fait de Norah Jones une artiste à part dans ce monde très formaté de la musique pop. « Little Broken Hearts » marque à n’en pas douter un tournant dans sa carrière. 12 chansons magnifiquement interprétés et produites, fruit du travail conjoint de Norah et du fameux producteur Danger Mouse alias Brian Burton. Ces deux là ce sont rencontrés lors de la conception du projet conceptuel Rome, hommage aux Bo d’Ennio Morricone, LP sur lequel la belle posait sa voix sur trois titres dont le très réussi « Black ». Suite à cette expérience plus que concluante artistiquement et humainement parlant, les deux compères ont choisi de rejoindre un studio pour composer à quatre mains les titres de ce LP. C’est la première fois que Norah Jones travaille de la sorte. Le résultat est à la hauteur de nos espérances les plus élevées. C’est à mon sens, le disque le plus abouti de Norah Jones, sa voix sublime des mélodies riches et mélancoliques. Si Brian et Norah ont voulu écrire la bande son d’une rupture amoureuse, le moins que l’on puisse dire c’est que c’est amplement réussit. C’est suffisamment rare pour le noter, mais aucun titre de « Little Broken Hearts » ne sent le remplissage. La production de Danger Mouse fait des merveilles, le disque est à la fois richement orchestré et incroyablement épuré. Le titre « Good Morning » qui ouvre le disque est juste sublime, tout comme « Travelin’ on », l’entêtante et excellent premier single la bien nommée « Happy Pills » et puis ce qui constitue selon moi le sommet de ce disque, la poignante « Miriam » aux paroles si chargées émotionnellement. « Miriam » symbolise la nouvelle Norah Jones, osant un texte qui en surprendra plus d’un. Qu’on se le dise, Norah Jones a aujourd’hui 33 ans et elle souhaite avec ce « Little Broken Hearts » ouvrir un nouveau chapitre à la fois dans sa vie personnelle et dans celle de l’artiste de talent qu’elle est incontestablement. Un album mélancolique mais néanmoins jamais plombant, une réussite indéniable. Ps : à noter que l’album a été réédité en version deluxe avec en bonus un live donné au We love Green Festival à Paris en Septembre dernier.

http://www.deezer.com/fr/album/1700522

sebastien-tellier-my-god-is-blue-cover2) Sébastien Tellier « My God Is Blue » Ma note :5/5.

« Il » est de retour.. quatre années après le succès critique dithyrambique de son odyssée sexuelle, le plus fou et barbu des électrons libres de la désormais célèbre french touch nous  revient, toujours sur le label Record Makers, avec le non moins intriguant « My God Is Blue ». Comme à chaque fois chez Sébastien Tellier, le concept est au moins aussi important que le contenu. Cette fois-ci, c’est après avoir bu une décoction aux vertus extralucides que notre homme c’est découvert soudainement gourou d’un énorme et improbable trip en bleu. Pourquoi le bleu me direz-vous ? nulle ne le sait à par « maman », nom qui doit désormais affubler notre histrion barbu, fondateur de l’Alliance bleue, un mouvement sectaire, euh non.. un mouvement en somme qu’il est ici bien trop difficile d’essayer de définir tant les mots semblent des prisons de chair et de sang à côté de l’histoire abracadabrantesque contée par notre héros. Revenu de ses débauches (encore que cf. « cochon ville »), Sébastien Tellier se découvre maître spirituel. Encore une fois, il allie avec malice l’auto dérision, le second degré avec ce qui reste tout de même son vrai métier à savoir la musique. Car oui il est bien question de musique avec ce « My God Is Blue ». 12 titres constituant un album qui il est certain ne pourra pas laisser indifférent. Avec Mr Flash aux manettes Tellier a poussé le thème de l’album conceptuel jusqu’à ses frontières les plus lointaines. Dès le premier titre, « Pepito bleu » (cela ne s’invente pas), cloches et chœurs sur un son volontiers éthéré viennent célébrer l’ouverture de l’ode mystique avec des paroles absurdes au possible.. « pour commencer la prière des cieux, je vais m’asseoir décoré de Pepitos bleus.. », passé le trouble de ce texte mystico comique on se retrouve très vite à siffloter cette mélodie qui vous trotte dans la tête longtemps après la première écoute. Mais passons aux choses sérieuses si je puis m’exprimer ainsi, suivent dans l’ordre deux titres excellents, « The colour of your mind » et « Sedulous », la très disco « cochon ville » hymne au n’importe quoi assumé et titre le plus évident à mon sens du disque. Le cinquième titre est un moment fort du LP, elle prend la forme d’une splendide ballade acoustique « Magical Hurricane » se terminant par une montée d’orgue des plus réussies. « Russian Attractions »  et « Mayday » sont les deux titres les plus faiblards du LP, s’ensuit l’instrumental et très réussi « Draw your world », du Tellier comme on l’aime, aussi belle est la chanson « My Poséidon », « Against The Law » à une mélodie très chouette avec un texte délirant sur les coiffeurs.. , chanson éponyme du LP « My God Is Blue » sonne très bluette, sans doute la plus kitsch du disque mais l’air reste dans la tête c’est indéniable. Enfin comment clore ce disque si ce n’est avec un instrumental dont seul Tellier a le secret « Yes it’s possible » qui sonne très seventies. Un disque vous l’aurez compris aux sonorités multiples, certainement le plus conceptuel de Tellier, moins évident de prime abord que Sexuality c’est une certitude. Mais passé l’irrésistible envie de rire du personnage complètement déjanté qu’il c’est forgé, nous ne pouvons oublié que Sébastien Tellier est un faiseur de mélodies hors pairs, un cas à part dans ce monde de l’électro française. Imposteur pour les uns, génie pour les autres, ce n’est pas avec ce disque que les avis risquent de changer. Quoiqu’il en soit, l’artiste déjanté reste le seul à faire cette musique qui se laisse lentement apprivoiser. « My God Is Blue » malgré ces quelques faiblesses soulignées plus bas dans ma chronique reste malgré tout à mon sens un très grand disque truffé de moments épiques. Il est bel et bien définitivement à part dans le paysage musical français, un ovni.. oui un ovni parti loin, très loin sur Sirius..

http://www.deezer.com/fr/music/sebastien-tellier/my-god-is-blue-1621040

Francoise_Hardy-L_amour_fou1) Françoise Hardy« L’amour fou »  Ma note :5/5.

Il est sorti dans la froideur, les pluies grisâtres de Novembre et c’est Le disque qui m’a le plus épaté cette année. Oublier ceux que je pensais consacrer car c’est vers elle et son univers si particulier que je me suis tourné. Françoise Hardy m’a toujours semblé provenir d’une sorte d’aristocratie de la chanson française auquel je convierais volontiers Christophe et feu Baschung entre autres personnes. Une classe, une élégance dont jamais elle ne se départit au cours de ces dix titres exquis dont elle a signé la plupart des textes. L’ensemble est très court mais quelle intensité, que d’émotions à l’écoute de « L’amour fou » titre éponyme du nouveau Françoise Hardy, le sang se glace même lorsque surgisse les premières notes et les mots « Les fous de Bassan » traitant de la disparition d’une jeune fille assassinée, titre d’une beauté venimeuse et implacable. C’est pour moi l’un des plus beaux titres de la chanson française depuis « l’aigle noire » de Barbara ou « les mots bleus » de Christophe. Le titre écrit par Julien Doré est lui aussi très réussit. La mélancolie de ce disque en fait une sorte de testament de l’artiste qui prend tout son sens dans les mots de « Rendez vous dans autre vie ».. « la pièce est finie » nous dit elle « rendez vous plus tard et dans une autre vie… » Françoise Hardy, icône ultime des yéyés, nous sort ici un disque d’une puissance d’évocation et d’une classe folle. A son image en somme.

http://www.deezer.com/fr/album/6012758