Qu’attendre d’un groupe comme Coldplay en 2012 ? Ils remplissent les stades partout dans le monde tels les nouveaux U2, Chris Martin se prenant même par moment (pour ne pas dire tout le temps) pour le Bono du pauvre en forçant sur sa voix et en lançant des messages emplis de sympathies naïves envers la foule transie des fans. Je dirais pas grand-chose tant ce live enfonce le clou d’un groupe en mode pop sous vide. Il n’y a qu’à écouter la version boursouflée du pourtant très intime « Yellow » et son karaoké géant ou encore l’affreux « Pincess of China » pour se convaincre que ce groupe ne se joue plus d’aucune subtilité, sacrifiant sur l’autel mercantile le peu de crédit artistique qu’on pouvait encore lui donner. Certes, ils ne sont pas les seuls à fauter, Muse est dans le même cas avec ses shows mégalomaniaques et sa musique pompières à souhait. Les cris des fans affluent de partout, les confettis peuvent s’envoler et Chris Martin courir d’un bout à l’autre de cette gigantesque scène rien n’y fait, je demeure circonspect et l’œil goguenard face au spectacle proposé. Coldplay est condamné à la surenchère jusqu’à ce que la citrouille éclate. Tous les bons sentiments de Chris Martin m’ont toujours plus ou moins écœuré tant il manque une dose certaine de talent à ce groupe surévalué. Bien sûr ce disque avec DVD et Blu Ray risque de se retrouver sous pas mal de sapins à noël, prions pour que ce ne soit pas sous le mien..

Ma note :1/5.

http://www.deezer.com/fr/album/6082458

Le mois de Novembre s’annonce dantesque au niveau des sorties de disques de chansons françaises. Et s’il y en a bien un qui est attendu au tournant après le succès critique et public de « La Superbe » c’est bien Benjamin Biolay, l’ex tête à claque qu’aujourd’hui tout le monde ou presque vénère dans le petit milieu des artistes (Il n’y a qu’à voir le nombre de collaborations dans lequel l’auteur compositeur est engagé). Alors que faire après un tel succès ? Biolay semble avoir voulu trancher en souhaitant avant tout se faire plaisir quitte à dérouter son public des débuts. Car déroutant cet album l’est assurément. Tout d’abord ce choix discutable d’inviter de nombreux featurings pas toujours ragoutant, je pense à Orelsan ce soit disant poète d’une vulgarité innommable qui nous gâche « Ne regrette rien », je pense à Vanessa Paradis (Biolay travaille sur son prochain disque..) dont le titre « profite » est un affreux ratage, Oxmo Puccino et tant d’autres.. l’album étant truffé de duo tous plus improbable les uns que les autres. Alors bien sûr, subsiste ici ou là quelques bouts de mélodies « Aime mon amour », « Trésor, trésor » qui sonnent comme le Biolay qu’on aime mais là encore bien loin des sommets de ces précédents efforts. J’en veux pour preuve l’insupportable « L’insigne honneur » qui ressemble à une vieille face B d’Indochine, c’est dire.. « La Vengeance » est un album concept vide et creux, sans inspiration aucune, un disque sans âme où Benjamin Biolay semble prendre un malin plaisir à nous perdre. Les textes sont à bout de souffle, vide de rimes, vide de sens mais où est donc passé le Biolay d’à « L’origine », de « Trash Yéyé » et j’en passe ? Les Inrocks vont adorer, quant à moi je passe mon chemin. Ma note :1/5.

http://www.deezer.com/fr/album/6057295

Et si le disque du mois de Novembre il fallait aller le chercher du côté de chez Françoise Hardy ? Françoise Hardy m’a toujours semblé provenir d’une sorte d’aristocratie de la chanson française auquel je convierais volontiers Christophe et feu Baschung entre autres personnes. Une classe, une élégance dont jamais elle ne se départit au cours de ces dix titres exquis dont elle a signé la plupart des textes. L’ensemble est très court mais quelle intensité, que d’émotions à l’écoute de « L’amour fou » titre éponyme du nouveau Françoise Hardy, le sang se glace même lorsque surgisse les premières notes et les mots « Les fous de Bassan » traitant de la disparition d’une jeune fille assassinée, titre d’une beauté venimeuse et implacable. C’est pour moi l’un des plus beaux titres de la chanson française depuis « l’aigle noire » de Barbara ou « les mots bleus » de Christophe. Le titre écrit par Julien Doré est lui aussi très réussit. La mélancolie de ce disque en fait une sorte de testament de l’artiste qui prend tout son sens dans les mots de « Rendez vous dans autre vie ».. « la pièce est finie » nous dit elle « rendez vous plus tard et dans une autre vie… » Françoise Hardy, icône ultime des yéyés, nous sort ici un disque d’une puissance d’évocation et d’une classe folle. A son image en somme. Ma note :5/5.

http://www.deezer.com/fr/album/6012758

Bien sûr, il y avait eu « Caravane », chanson miraculeuse extraite d’un album pourtant boursouflé et d’une naïveté confondante. Depuis Raphaël semblait traîner sa bosse, portant comme une croix ce succès qui lui collait aux basques, comme s’il y avait eu erreur sur la personne. Pour ce sixième album, l’artiste a choisi de trancher dans le vif en produisant chez lui ce disque qui sonne comme un nouveau départ faisant table rase du passé. Le son résolument rock cf. « Collision », la voix plus grave, 10 titres, 35 petites minutes et ce que je n’aurais jamais cru possible chez lui, une véritable remise en question, une introspection qui accouche d’une réussite. Loin des errements d’avant, oublié la voix nasillarde et les refrains pour jeune fille en fleur, Raphaël signe ici son Lp le plus personnel et de loin le plus abouti avec ses mélodies déstructurées, ses bidouillages sonores qui donnent à ce « Super Welter » la force d’un bon vieil uppercut en pleine face. Le titre « Insensible » symbolise à lui seul parfaitement ce nouveau cru avec son refrain entêtant et son final électro-acoustique du plus bel effet. Ma note :4,5/5.

S’il y a bien un film qui est attendu c’est celui de Paul Thomas Anderson, génial réalisateur de « There Will Be Blood », qui sortira « The Master » le 9 Janvier 2013 avec en tête d’affiche l’immense Joaquin Phoenix. En attendant ce qui sera à n’en pas douter un grand moment de cinéma nous pouvons déjà écouter la Bo composée pour l’occasion par Jonny Greenwood, membre du groupe Radiohead (s’il était besoin de le rappeler) qui avait déjà travaillé sur la Bo du précédent film de Paul Thomas Anderson. 15 titres qui dans l’ensemble sonnent comme une proche réminiscence de ce qu’avait déjà réalisé Greenwood pour « There Will Be Blood ». C’est à la fois sa force et sa faiblesse car cette dernière était à mon sens plus marquante que celle de « The Master ». Malgré tout, rassurez vous, Greenwood réussit encore à nous faire ressentir tout un panel d’émotions au cœur de cette ballade élégiaque même s’il faut bien reconnaître que la surprise est moindre. Pour écouter cette Bo sur deezer cf. le lien suivant : http://www.deezer.com/fr/album/5665581     

Ma note :3,5/5.

Attardons nous tout d’abord, une fois n’est pas coutume, sur l’objet qui nous est offert produit par Stephan Eicher lui-même. Crise du disque ou pas, le moins que l’on puisse dire c’est que l’artiste n’en a cure lui qui délivre avec « l’envolée » ces nombreux feuillets contenant toutes les paroles ciselées du LP mis en images en autant de dessins franchement très réussis. La preuve que quand l’on veut vraiment on peut prendre soin d’offrir à son public un beau contenant. Eicher lui va plus loin encore, le contenu très pop-folk est franchement réussi aussi, les musiques et les textes collent très bien ensemble. Un disque au savoir faire à l’ancienne, sonnant très artisanal dans le bon sens du terme. On ne peut que saluer le louable effort de l’artiste qui sans cesse cherche à se renouveler sans jamais se trahir. Artiste dans l’âme, Stéphane Eicher l’est assurément, honnête jusque dans sa démarche artistique d’une totale intégrité, ce qui en ces temps de cirque médiatique n’est pas le moindre des compliments. « Donne moi une seconde », la très enjouée « Le sourire », le testamentaire « Disparaître », la poétique « La relève » autant de jolies pop folk songs apaisantes à souhait. De quoi nous redonner le sourire en somme. Ma note :4,5/5.